Friday, February 08, 2008

Tchad, Sarkozy et la Françafrique

Je reviens sur la crise tchadienne et la politique africaine de Sarkozy pour Cap Finistère. Voici la réponse aux questions posées. A lire également sur le sujet le post de Benoit Curinier et l'article du Monde Diplo.

Cap Finistère : Quel rôle joue l'armée française au Tchad ?

La France et le Tchad sont liés par un accord de coopération militaire technique depuis 1976. Cet accord prévoit la formation des militaires tchadiens, et l’assistance de la France en terme de renseignements et d’appui logistique. Le Tchad est au cœur du dispositif militaire français en Afrique. Il y a près de 1500 soldats français présents au Tchad, réparties sur trois zones militaires. Lors de l’offensive des rebelles, la France est dans un premier temps prudemment resté en retrait du conflit. Disons que l’intervention des troupes françaises n’a pas été aussi flagrante qu’en 2006, lorsque nos soldats avaient tiré sur des troupes rebelles qui avançaient vers N’Djamena. Ceci dit, une nouvelle fois, l’appui logistique et en terme de renseignements a été décisif pour permettre le maintien au pouvoir du dictateur tchadien. Les militaires français ont par ailleurs protégé l’aéroport et pris directement à des combats. Le gouvernement s’est par ailleurs activé pour obtenir du conseil de sécurité une condamnation de l’offensive des rebelles et un soutien inconditionnel à Idriss Déby. Ce qui fait sourire, lorsqu’on sait que le président tchadien est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire, alors soutenu par la France…

Cap Finistère : Peut-on parler de rupture dans la politique africaine française depuis l'élection de Nicolas Sarkozy ?

Il existe un décalage important entre les discours du chef de l’Etat, notamment ceux qu’il a prononcé pendant la campagne présidentielle et la politique africaine de l’Elysée. Le soir même de son élection, Nicolas Sarkozy s’empressait de téléphoner à Omar Bongo, le dirigeant gabonais, pour le remercier de son soutien. La première visite en Afrique du Président, qui devait marquer « la rupture » annoncée, ne se sera résumée qu’à une visite au Gabon et au Sénégal, deux piliers de la politique françafricaine, accueillant des bases militaires françaises. Alors que les socialistes s’étaient engagés à rediscuter publiquement les accords de sécurité et de défense et à les placer sous le contrôle du Parlement, on voit bien que ce n’est pas l’objectif du gouvernement actuel. L’ambiguïté de l’action française au Tchad pendant la récente crise a pourtant montré qu’une remise à plat de ces accords était urgente.

Cap Finistère : Comment sont perçus les premiers mois de la présidence Sarkozy en Afrique ?

Le discours de Dakar de Sarkozy sur « l’homme africain » a été très mal perçu par les populations africaines. Beaucoup y ont vu un retour en force d’un comportement néo-colonial et condescendant inacceptable. La politique d’immigration passe également très mal et le traitement accordé aux sans-papiers choque, et la politique des visas continue d’affaiblir les liens de beaucoup de jeunes africains à notre pays. La jeunesse africaine a une méfiance grandissante vis-à-vis de la France et les politiques de M. Chirac et Sarkozy y a beaucoup contribué.

1 comment:

Anonymous said...

http://tunisie-harakati.mylivepage.com

L'Afrique a besoin del'Europe autant que la France a besoin de l'Afrique.